cw // mention de travail du sexe

j’ai, les traits tirés et le visage cerné, rongée par la fatigue,
d’une nuit sans réel sommeil, posée sur une seule oreille, à l’affut très conscient du moindre geste qui pourrait atteindre à ma personne, les mots de minjae qui ont résonné dans ma tête tout du long,
d’une vie aux problèmes trop présents et trop fréquents pour les ignorer, à chercher les bonnes réponses, les parfaites solutions, et quand rien ne vient, continuer, éternellement, à refaire les mêmes erreurs.
saute à pieds joints dans la flaque de conneries, merdier dans lequel je m’embourbe de mon plein gré, refuse catégoriquement d’admettre que j’ai tort.
plutôt crever.
un ensemble de survêtement enfilé, trop grand, m’appartient même pas, pour camoufler, camoufler le fait que je me sente sale, peu importe à quel point j’ai pu frotter sous la douche en rentrant ce matin, à quel point j’ai insisté, à m’en rougir la peau.
j’déteste, déteste, déteste profondément faire ça.
j’ai haï quasiment chaque seconde d’hier soir, chacune où j’étais moins embrumée, plus consciente de ce qu’il se passait, les rares moments de lucidité.
ma nièce à mes côtés, enfant dont j’ai la responsabilité, pour m’empêcher de m’enfuir sombrer sous la couette, me cacher du monde réel. me beurre mes tartines, le sourire aux lèvres, me tire vers le haut sans le savoir.
j’lui souris, j’lui souris pour tous les sourires qu’on m’offre pas, pour tous les sourires qu’elle mérite, à l’infini.
ne finis jamais comme moi.
mais pour elle, j’donnerais le monde, j’donnerais tout ce que j’ai. je ferais tout, pour qu’elle ait ce que moi je n’ai pas pu avoir. tout, absolument tout. jusqu’à me vendre moi-même, donner de ma personne, littéralement. persuadée de l’inexistence d’une quelconque autre issue, je recommencerais autant qu’il le faudra.
collée contre mes jambes, assises sur le canapé, devant l’épisode rediffusé pour la centième fois d’un dessin animé quelconque, je réponds aux messages de min, souffle bruyamment, épuisée de l’échange qui tourne en rond. nerveuse, à l’idée qu’il puisse tout balancer, au besoin, à mon frère. peut-être pire, à theo. et là, j’lui ai pas fait promettre. j’me note dans un coin de la tête qu’il faut que je le fasse, d’ailleurs.
mais bien sûr que j’te fais confiance, min, c’est pas la question.
- tonton minjae va venir nous voir.
la voilà qui crie déjà de joie, saute sur le canapé, rebondit son petit corps avec l’énergie qu’elle puise je-ne-sais-où. si j’savais, j’aurais asséché la source, déjà.
- calmos, minus. tiens toi sage, quand il sera là. et tu lui feras un gros câlin, ok?
peut-être que ça le détendra, avec un peu de chance.